Fresh Hell , Carte blanche à Adam McEwen 
au Palais de Tokyo




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"Carte blanche" apparaît dès 1451 dans le sens de "libre initiative". Plus tard, on dira "donner la carte blanche à quelqu'un" pour signifier qu'on lui laisse dicter ses conditions. Enfin, au XVIIe siècle, "donner carte blanche" prend le sens de "donner les pleins pouvoirs". Aujourd'hui, l'expression signifie qu'on laisse une personne prendre toutes les initiatives qu'elle souhaite.
Donner carte blanche à un artiste contemporain tel que Adam McEwen est l’occasion d’aborder les processus de création et de recoupements esthétiques de ses désirs et influences. McEwen est un artiste britannique né en 1965, et s’est fait connaître grâce à ses panneaux peints à la main portant les inscriptions « Sorry we’re Sorry » ou « Sorry we’re Dead », ses nécrologies de personnes vivantes (Jeff Koons, Nicole Kidman), ses toiles parsemées de chewing-gums faisant référence à des bombardements de villes allemandes durant la Seconde Guerre Mondiale et ses sculptures industrielles en graphite. Suivant les traces d’Andy Warhol et Richard Prince, l’artiste exhume les fantômes de l’iconographie pop afin d’explorer les contradictions des normes culturelles.


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Avant de vous livrer quelques phrases de l’interview d’Adam par Marc-Olivier Wahler pour le magazine de l’exposition, je vais vous représenter une partie de l’exposition Fresh Hell telle que je l’ai vue et ressentie. Lorsque l’on pénètre dans la première pièce, on peut voir une oeuvre « interactive » de Rudolf Stingel Untitled de 2003 qui a été exposé à la 50ème Biennale de Venise. Quand j’écris « interactive », c’est pour ainsi dire que le spectateur peut placer ou écrire, sur cette oeuvre, qui est un mur en isolant Celotex et en feuille d’aluminium sur un grand panneau, tout ce qui lui vient à l’esprit, dessiner, coller des photos, écrire, coller son chewing-gum...
Devant ce mur, se trouvent trois têtes de sculptures Royales de NOTRE-DAME retrouvées en 1977, disparues en 1793.


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Nous nous plongeons ensuite dans une pièce où on peut admirer Work V, oeuvre de Michael Landy, des cadres et des rayonnages en acier recouverts de pelouse synthétique. On se croirait dans l’entrepôt d’un marché dont les étals et cagots ont été vidés de leurs fruits et légumes...

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En montant l’escalier, on se retrouve face à l’oeuvre de Maurizio Cattelan -74.400.000, il s’agit d’un coffre-fort fracturé qui, au milieu de la place, devient presque majestueux. 


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J’ai été par la suite très impressionnée par la reproduction du Labyrinth de Georg Herold, fait en lattis de bois et tenu par des câbles métalliques.


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Après ce cheminement, la pièce est plus grande et toutes les oeuvres se juxtaposent presque, on peut voir les sérigraphies sur papier d’Isa Genzken, le Memorial of the Good Old Time de Martin Kippenberger, le gros « rocher » fait en caoutchouc, bois et aspirateur industriel, devant Is That All There Is ? en peinture acrylique sur mur de Jessica Diamond.

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Ensuite, nous pouvons voir une seconde oeuvre de Georg Herold, Mountain of Cocaine V et, au fond, un dessin reproduit de Sigmar Polke Langeweileschleife (Boredom Loop).

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Sur la gauche de la pièce (photo à droite ci-dessus), nous pouvons admirer une oeuvre de Rob Pruitt Esprit de Corps, devant l’oeuvre de Jonathan Borofsky You are Alone Slow Down There is No One To Please But Yourself .

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Rob Pruitt est un artiste New-Yorkais très connu pour l’installation de son Buffet de Cocaïne qui avait choqué le grand public (photo ci-dessous.)

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Et pour finir ce petit tour (incomplet bien sûr mais il fallait bien que je fasse une sélection), j’ai été très admirative devant l’oeuvre de Sarah Lucas Is Suicide Genetic ? En effet, cette chaise brûlée est non sans rappeler Le Fauteuil d’Ulysse d’Arman, avec en plus un casque de moto construit en cigarettes et un pied du fauteuil maintenu par des paquets de cigarettes.

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Voici mon petit tour de cette exposition Fresh Hell, qui s’est déroulée au Palais de Tokyo, et qui m’a beaucoup touchée, de par les choix d’Adam McEwen tout d’abord mais aussi par l’agencement des pièces par rapport aux oeuvres, un cheminement parfait et sobre, qui arrive à donner de l’innocence à toutes ces oeuvres. Dans l’interview d’Adam McEwen, l’artiste met en relation le dernier livre qu’il a lu Le Monde Inverti de Christophe Priest, roman de science-fiction des années 70 où « l’argument principal du livre est le suivant : suite à une sorte d’apocalypse, une ville appelée Terre se voit tractée par des câbles le long de rails afin d’être maintenue aussi près possible de l’ « Optimum » - un point qui se déplace, sorte d’analogie du temps présent. C’est une métaphore très juste de l’enroulement perpétuel du présent sur le passé et de la façon dont nous surfons sur ces rouleaux » et certaines oeuvres d’Art majeures.





Didier Marcel « Sommes nous l’élégance », 
exposition au MAM, Paris


Alors que la peinture et la photographie laissent si peu de place à la sculpture contemporaine à moins qu’elle soit conceptuelle, tape à l’œil et « à la mode », ou extravagante, le jeune sculpteur Didier Marcel réinvente cet art du volume en « observant simplement la nature à travers une réflexion sur notre environnement quotidien ». Didier Marcel prélève des « fragments de nature contrôlés » et les transpose en objets muséaux. Ce jeune artiste Français poursuit depuis 20 ans un travail singulier reconnu sur des scènes artistiques étrangères… « nul n’est prophète en son pays, et pourtant Marcel l’est en sculpture. »


Aujourd’hui, le musée d’art moderne de la ville de Paris nous propose une exposition de ce sculpteur, événement par lequel on découvre une autre face du travail de Didier Marcel : une œuvre sculpturale dans laquelle le visiteur s’immerge à se perdre, comme une balade, l’exposition est une sorte de chemin « dans les bois ».


En effet, en pénétrant cette exposition au titre intrigant : « Sommes-nous l’élégance », et interrogateur sans point d’interrogation, nous rentrons par une œuvre conçue comme un paysage linéaire inspiré du tableau de Kazimir Malevitch « La charge de la cavalerie rouge. » Intallation-œuvre ou une simple moquette (de longues rayures) associée à un « Labou » rouge (Moulage de terre labourée en résine de polyester teintée), forment une sorte de peinture spatiale d’où il ne subsiste qu’un horizon écarlate. Et le visiteur peut ainsi exister au centre de cette mise en espace d'une oeuvre d'un autre siècle.


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Ensuite, deux espaces nous accompagnent tout au long de cette originale promenade contemporaine. Le premier est Travelling, un long corridor où, entouré par deux clôtures (la première est une sérigraphie de grillage TGV-SNCF en trompe l’œil, et l’autre est une réserve de rondins de bois de chauffage) nous escortent dans un travelling de moulages de rochers en papier mâché. Faux rochers faits mains, objets transitoires entre une image en trompe l’œil (grillage) et un « ready made d’Arte Povera » (les rondins de bois). De droite à gauche ou de gauche à droite nous passons du virtuel au factuel d’une nature recomposée par l’homme mais qui en demeure incontournable (au propre comme au figurée). Promenade parsemée de feuille de papier noir froissé. Qui comme autant d’oiseaux, « corbeaux noir » d’une campagne endormie, s’égaient au grés des courants d’air et des maladresses des visiteurs qui les dispersent de leurs piétinements.


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Le second espace transitoire est « Péristyle », où les troncs moulés de peupliers (polyester flocage viscose) écrivent une architecture poste moderne figée, par laquelle seule la surface de ces « poteaux » arbres écrivent de leurs écorces les restes d’une nature perdue. Et, en même temps qu’ils encadrent la « maquette » (travail de Marcel de 1995 et propriété du FNAC) d’un bâtiment détruit sur une table, tel un autel architectural, ces 4 « arbres » proposent une plongée archéo-historique, tel un nef d’église ? Alors dans cet aller-retour, il est temps de se poser la question que ne pose pas Didier Marcel (car son titre est sans « ? ») : Sommes nous l’élégance… enfin avec un « ? ».


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À la fin de cette promenade scupturale, une « Clairière », où nous nous retrouvons immergés au sein d’un troupeau de cerfs, immobiles et filiformes, animaux stylisés (réalisés en sculpture en fer à bétons soudés) à travers lesquels notre regard passe et repasse comme si ces bêtes étaient plus nombreuses qu’elles ne le sont... Ces cerfs figés (comme surpris par l’homme… et en alerte) tels des chevaux de Troie fusionnent l’espace de la galerie. Et notre vision de spectateur se retrouve actrice de cette œuvre en 3D.


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Cette exposition, bien que très brève, (car il suffit d’une demi-heure pour parcourir le chemin que nous a créé Didier Marcel), n’en reste pas moins intense. Elle n’est pas simplement une suite de sculptures, mais ce sont bels et bien des interrogations au coeur desquelles se plonge le spectateur, par sa présence premièrement mais ensuite par sa réflexion, face aux controverses que l’artiste met en scène : vrai/faux, virtuel/factuel, naturel/synthétique, image/objet, immersion/confrontation... autant de concepts à l’image de cette miniature sans titre, mi cheval mi mouton, mi cubiste mi hyperréaliste, animal qui broute et… qui dans un coin de cette exposition répond que l’élégance est dans tout…


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Alors, il est comment le nouveau Sofia Coppola ?

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Pour ma part, on retrouve l’ennui, certes, mais dans toute sa splendeur, notamment dans les émotions des personnages, ce qui me manquait depuis Lost in Translation. En même temps, je suis tellement fan de Sofia Coppola, de son univers, de ses inspirations, de son « papounet », de sa discrétion très française, du sac qui porte son nom (eh oui !), de ses premiers films, que l’attente avait placé la barre assez haute, comme pour Marie Antoinette, que j’ai appris à apprécier lentement. J’aime le voir, mais je sais qu’à certains moments, je vais m’ennuyer comme un rat mort. Malgré l’esthétisme magnifique, les longs plans d’une beauté indescriptible dont seule Sofia a le secret et les bandes originales de ces films, Sofia Coppola filme l’ennui. Elle me ferait presque penser à Easton-Ellis et son Moins que Zéro par moment sans le côté « Trash »... Dans Lost in Translation, c’était celui de Scarlett Johansson et de Bill Murray. Pour moi, ça reste la version originale, pure et presque parfaite. Dans Somewhere, c’est celui de Stephen Dorff (alias Johnny Marco), un acteur à succès qui « chill » sous le soleil de la Californie. Le rythme est lent et porté par des plans fixes qui nous aide à comprendre à quel point il est perdu, toute la beauté de l’ennui en images. Deux éléments nous permettent de contrer cet « ennui » qui est, on peut le dire maintenant, la marque de fabrique de la jolie Coppola.

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Premièrement, le tournage a eu lieu au Château Marmont, hôtel mythique de Sunset Boulevard prisé par des générations de stars. James Dean y dragua Nathalie Wood, Greta Garbo y vécut recluse. Plus près de nous, Helmut Newton s’y tua, sa voiture s’écrasant contre un mur alors qu’il faisait une crise cardiaque. L’hôtel devient presque un protagoniste du film. Complice muet, il est le théâtre des excès nocturnes, des intrigues faciles, des attentes sans but. Cet hôtel, c’est un peu le pays de l’irréalité, semble nous dire chaque scène qui s’y déroule. Et le spectateur rêve d’aller s’y ennuyer aussi. Et puis, il y a la petite soeur de Dakota, Elle Fanning. Avec sa jeunesse, sa blondeur, on l’attendait tous au tournant. Irrésistible, attachant, son jeu nous prouve une nouvelle fois à quel point Sofia Coppola sait très bien choisir et faire jouer ses acteurs. On croit vraiment à sa relation avec un père déboussolé, elle le ramène à la réalité, image très évidente lorsqu’il quitte cet « hôtel des merveilles ».

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Et, on finit par accepter que Sofia fasse toujours la même chose avec la même BO (peut-être une petite obligation conjugale ?), on y sent une certaine obsession d’une réalisatrice pour sa propre quête d’identité.





Basquiat, l’enfant prodige.



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Après un premier essai, fin octobre, pour voir cette exposition tellement attendue, je suis finalement revenue avec un billet coupe-file (disponible sur le site Internet du musée d’Art moderne de la Ville de Paris) et j’ai finalement pu échapper à la bonne heure et demie d’attente. Et pour vous présenter cette exposition ainsi que le film lui étant consacré, je vais reprendre les mots du magazine des Beaux-Arts lui-même, qui correspondent plus que parfaitement à ce jeune prodige, « son pinceau avait la rage ».


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« Rage car il a débarqué à 17 ans avec l’effervescence d’une comète et qu’il est parti aussi vite, 10 ans après, après avoir réalisé plus de 1000 toiles. Les toiles de l’artiste ont la ferveur d’un clash, sa vie fut une vraie révolution et ses pensées, paraît-il, allaient plus vite que ses mots. »


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L’exposition se déroule chronologiquement, telle une mini biographie. Dès 1978, Basquiat invente, avec son ami Al Diaz, une pseudo-religion sous la forme de graffitis sur les murs de downtown Manhattan signés SAMO (Same Old Shit.) Mais en février 1981, lors de l’exposition « New York/New Wave », réunissant la scène artistique downtown New York, on peut lire sur Cadillac Moon, oeuvre que l’on peut voir dans l’exposition, le mot SAMO barré auquel il juxtapose la signature « Jean-Michel Basquiat », un peintre est né. Après cela, tout va très (trop) vite pour l’artiste, il se fait remarquer par Emilio Mazzoli puis Annina Nosei, qui, possédant une galerie, lui offre son sous-sol pour travailler. Annina organisera par la suite sa première exposition personnelle aux Etats-Unis. Il se lie d’amitié avec Keith Haring et Bruno Bischofberger, qui jouera un rôle décisif dans son destin fulgurant ; en effet, Bischofberger le conduisit à la Factory de Warhol. Basquiat et le roi du Pop Art devinrent dès lors très complices. Ils travaillèrent à six mains dès 1984 avec également Francesco Clemente. En 1987, la mort soudaine d’Andy Warhol lui porte un grave coup, il s’enferme de plus en plus sur lui-même et la drogue devient chaque jour davantage sa compagne tragique. C’est d’ailleurs elle qui gagne le 12 Août 1988. Boom. En huit ans à peine, le génie Basquiat a laissé une oeuvre considérable, accédé à une célébrité qui touche au mythe et dans sa dernière période, les couleurs sombres et l’iconographie de ses oeuvres, parfois morbides, semblaient avoir un caractère prémonitoire...


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Cette exposition réunit un grand nombre de ses oeuvres, des plus connues aux travaux en collaboration avec Warhol, en passant par ses dernières où l’on peut lire « man dies » sur plusieurs de ses toiles.




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Plusieurs films ont été réalisé sur lui, le dernier en date qui est sorti cette année étant très bien, je vous recommande également de voir les autres, notamment celui de 1996 intitulé Basquiat, réalisé par Julian Schnabel, car en plus du casting génialissime ; Jeffrey Wright jouant le rôle de Basquiat, David Bowie jouant Andy Warhol, Benicio Del Toro, Dennis Hopper, Gary Oldman, William Dafoe, Courtney Love et j’en passe, l’histoire paraît tellement réelle qu’après l’avoir vu, on a l’impression de connaître ce fils prodige et de ressentir sa douleur, son mal-être qu'il essayait tant dans ses toiles.


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Arman et sa traduction de notre 
Monde de consommation.




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L’objet. Tour à tour multiplié dans des Accumulations, rejeté, dans des Poubelles, explosé dans des Coupes et Colères ou encore brûlé et fossilisé dans des Combustions, Arman nous montre là qu’il est le témoin de l’accélération de l’ère de consommation dans la seconde moitié du XXème siècle.




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L’exposition de son oeuvre au Centre Georges Pompidou est une petite merveille pour les amateurs d’Art Contemporain, en effet on retrace l’évolution de son travail et tout nous paraît évident, logique. Cette « nouvelle perception du réel », d’après le manifeste des Nouveaux Réalistes est aux antipodes du principe de représentation du Monde hérité de nos traditions occidentales. Enfin une exposition où l’on n’est pas pressé de sortir.



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Exposition Arman au Centre Pompidou jusqu’au 10 janvier, ouvert tous les jours sauf le mardi de 11h à 21h, tarif étudiant : 9 euros.